23 sept. 2010

« La légende d’un art séditieux »

Les prises de position critique vis-à-vis de l’art contemporain institutionnalisé s’expriment désormais librement. Il en est une que nous avons remarquée pour sa pertinence et c’est à la perspicacité et au talent de Sébastien Lapaque que nous la devons. Ce dernier précise notamment en quoi « loin de troubler l’ordre social, la déconstruction et la rupture sont devenues la norme » et « contrairement à ce qui se raconte pour soutenir la légende d’un art séditieux, le rebelle chic participe du système ; et il y participe même très bien. »
Il aurait été dommage de supprimer des passages du texte de Sébastien Lapaque. Le voici donc dans son intégralité sous forme pdf : cliquez ici .

16 sept. 2010

Morale ou politique ?

La « morale » ne peut-elle se vivre qu’en dehors du champ politique ? De même, la « politique » est-elle inévitablement amorale ? Finalement, doit-on choisir entre « morale » ou « politique »? Dans une récente chronique, le philosophe André Comte-Sponville nous invite à une fine réflexion à ce propos. Nous avons pensé utile de reprendre ici quelques extraits de sa chronique :
« … Nous avons besoin de morale, pour nous gouverner nous-mêmes, et de politique, pour gouverner ensemble le peuple que nous formons…/… Aussi faut-il les prendre ensemble (elles sont toutes deux nécessaires), mais sans les confondre. Donner le pouvoir à un escroc ? Ce ne serait pas raisonnable.
À un raciste ? Ce ne serait pas acceptable. Ce n’est pas une raison pour confondre une élection, par exemple présidentielle, avec un prix de vertu. Méfions-nous des bons sentiments, de la bonne conscience, et même de nos colères, qui voudraient nous faire croire que morale et politique sont du même côté - le nôtre !-, ce qui laisse entendre que nos adversaires, en politique, sont forcément du côté du mal ou de l’erreur…/…
La gauche n’a pas le monopole du cœur, ni la droite le monopole de la compétence. La politique n’oppose pas les bons aux méchants (contrairement à ce qu’on croit souvent à gauche), ni les intelligents aux imbéciles (contrairement à ce qu’on croit parfois à droite)…/...
La morale n’est pas politique : elle n’est ni de droite ni de gauche. La politique n’est pas morale : ce ne sont pas les plus vertueux qui gouvernent, mais ceux qui ont gagné les élections… » (1)

(1) Extraits de la chronique de André Comte-Sponville, « Morale et politique », in « Le Monde des Religions », sept-oct 2010, n°43, p.82.