17 mai 2011

Le choc des bureaux *

par Michel De Caso
On savait depuis quelques décennies que les artistes n’étaient plus les acteurs de l’histoire de l’art. Avec la fin de la transmission de la main qui pense, un manteau mental s’était en effet progressivement déposé sur les ateliers et les outils avaient cessé d’être écoutés. Les mots s’étaient substitués au langage des formes et la transmission des maîtres étaient devenue inutile. Les critiques se mirent alors à parler, à beaucoup parler. Au début, habilement soutenus, certains discours eurent même quelques portées mais à force de démontrer tout et son contraire, leurs démonstrations s’asséchèrent.
C’est alors que les fonctionnaires de l’art commencèrent à exiger de goûter à la source créative, fut-elle tarie. Déjà, ils ne réclamaient plus d’artistes et l’art lui-même se mesurait selon le « ça c’est cher ». L’art était mort et l’époque leur appartenait. Après le choc des mots, le choc des bureaux fit entendre son tumulte et nul ne sait encore aujourd’hui combien de levées de lunes cela durera. Pour l’heure, des outils continuent d’émettre dans d’obscurs ateliers, et une douce chaleur y entretient le feu, le temps d’une couvaison. Longue vie aux oiseaux…

* A propos du débat autour de la présidence de Chaillot II. Plus d'infos