6 nov. 2013

L’art est mort, et les artistes, aussi.

par Michel De Caso

 
Aujourd’hui, celui qui désire comprendre la logique infernale des idéologues de l’art dit contemporain a désormais à sa disposition deux livres supplémentaires (1). Leur lecture lui donnera une série d’informations capitales qui lui permettront de mieux saisir les tenants et aboutissants de cet "art contemporain qui n’est pas l’art d’aujourd’hui mais un label qui estampille une production particulière : l’art conceptuel, promu par le réseau international des grandes institutions et, en France, par l’État. "(2).
 

Je fais partie de ces "artistes" qui ont débuté leur "carrière" dans le début des années 80, au début précisément de la "mise à mort bureaucratique de la peinture" (3). Dans ces années-là, nous avions été nombreux à croire que la roue tournerait et que ce non-art qui se hisse au niveau de l’art finirait bien par s’essouffler. Ce que nous n’avions pas réellement envisagé, c’est qu’une société a les "artistes" qu’elle mérite ou ceux dont elle a besoin, ce qui revient au même. Aussi, pour notre part, il est devenu vain de s’expliquer encore et encore sur des évidences. Nous avons participé en son temps à tout ce travail de décryptage et il n'est plus vraiment d'actualité de continuer. Nous laissons toutefois à d’autres cette lourde tâche d’information, d’autant plus qu’ils s’en acquittent parfaitement…
 

Au moment où "tout le monde est sommé de devenir artiste"(4), alors que "tout est art et tout le monde est artiste"(5), comme "enterrés vivants", nous prenons le large. Il est vrai que notre lucidité est à la hauteur de notre pitoyable constat. Alors, bien sûr, s'agit-il de continuer la pratique artistique, mais il est tout aussi important de ne rien en attendre et d’apprendre à faire avec. Ne faut-il d’ailleurs pas toute une vie pour apprendre à faire avec ? Notre reliance au métier et à toutes les prodigieuses richesses du passé n’étant plus de saison, laissons passer l’orage et restons disponible au cas où, lorsque, tombés au fond de l’abîme, il sera devenu inéluctable de remonter.

 
Alors, loin des vernissages mensongers et autres farces médiatiques, c’est toujours dans le silence de l’atelier que nous trouverons la force et la sagesse de poursuivre inlassablement notre quête artistique, même si de fait, aujourd’hui, l’art est mort et les artistes aussi. Comme Aude de Kerros l’écrit à la fin de son livre, "le signal est donné, il est temps aussi pour tous de quitter le bateau de l’art contemporain et de passer à autre chose."(6). Quand le bateau reste manifestement à quai, convient-il en effet de changer de véhicule…

 

(1)
- "1983-2013 – années noires de la peinture", Aude de Kerros / Marie Sallantin / Pierre-Marie Ziegler, édition Pierre-Guillaume de Roux, octobre 2013.
- "L’art caché - les dissidents de l’art contemporain", Aude de Kerros, 2° édition complétée, Ed. Eyrolles, septembre 2013.
(2) extrait 4° de couverture de "L’art caché".
(3) Sous-titre de "1983-2013, années noires de la peinture".
(4) page 293, "L’art caché".
(5) page 294, "L’art caché".
(6) page 304, "L’art caché".