La « morale » ne peut-elle se vivre qu’en dehors du champ politique ? De même, la « politique » est-elle inévitablement amorale ? Finalement, doit-on choisir entre « morale » ou « politique »? Dans une récente chronique, le philosophe André Comte-Sponville nous invite à une fine réflexion à ce propos. Nous avons pensé utile de reprendre ici quelques extraits de sa chronique :
« … Nous avons besoin de morale, pour nous gouverner nous-mêmes, et de politique, pour gouverner ensemble le peuple que nous formons…/… Aussi faut-il les prendre ensemble (elles sont toutes deux nécessaires), mais sans les confondre. Donner le pouvoir à un escroc ? Ce ne serait pas raisonnable. À un raciste ? Ce ne serait pas acceptable. Ce n’est pas une raison pour confondre une élection, par exemple présidentielle, avec un prix de vertu. Méfions-nous des bons sentiments, de la bonne conscience, et même de nos colères, qui voudraient nous faire croire que morale et politique sont du même côté - le nôtre !-, ce qui laisse entendre que nos adversaires, en politique, sont forcément du côté du mal ou de l’erreur…/…
La gauche n’a pas le monopole du cœur, ni la droite le monopole de la compétence. La politique n’oppose pas les bons aux méchants (contrairement à ce qu’on croit souvent à gauche), ni les intelligents aux imbéciles (contrairement à ce qu’on croit parfois à droite)…/...
La morale n’est pas politique : elle n’est ni de droite ni de gauche. La politique n’est pas morale : ce ne sont pas les plus vertueux qui gouvernent, mais ceux qui ont gagné les élections… » (1)
(1) Extraits de la chronique de André Comte-Sponville, « Morale et politique », in « Le Monde des Religions », sept-oct 2010, n°43, p.82.
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