25 nov. 2008

Morale de la crise, crise de la morale.

par Laurent Danchin.
« Si quelque chose fait l’unanimité des experts, dans tout ce que l’on peut lire ou entendre sur la crise actuelle, c’est la sous-estimation systématique du point de vue moral, écarté a priori comme naïveté ou enfantillage, ou considéré comme inopérant face à un problème présenté sous un jour purement technique. Tout le monde en effet s’entend pour accuser globalement le "système" et proposer des diagnostics visant à corriger ses erreurs, ses dérives ou ses illusions, ... »
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24 nov. 2008

Les bobos enfin démasqués…

par Jacques-Yves Rossignol.
Trois textes : « Les bobos enfin démasqués » ; « Une problématique contemporaine fondamentale : la dissociation esthétique, éthique, politique, rhétorique. » ; « L'invention rhétorique contre la dérision généralisée ».
« Les approches anecdotiques du problème de l’invasion du coeur de Paris par les "bobos" ne manquent pas particulièrement. Ces approches ont d’ailleurs tout pour leur plaire, aux bobos : elles sont superficielles, frivoles, futiles. On tiendra ici un autre langage, ayant une certaine prétention à la densité et même, horreur, à l’expression de la vérité... »
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14 nov. 2008

Sur « la vérité muette des grandes œuvres d’art ».

« La beauté d’une fleur, ou d’une femme, ou d’une aurore ne lui appartient pas ; elle est signe magique réveillant le souvenir oublié ou l’étrange nostalgie d’une présence en puissance, donc infiniment cachée. D’où la vivante énigme, la vérité muette des grandes œuvres d’art. »
« Quel que soit l’art que l’on pratique, s’il n’est pas un moyen d’accéder à la Sophia (Sagesse et pouvoir de Connaissance) il est fatalement impuissant et stérile comme l’arbre sec privé de fruits. »
Michel Camus, in Aphorismes sorciers, éditions du Rocher.

5 nov. 2008

Politique sans électeur.

par Sophie Taam.
« Dans la lignée de plus de deux décennies d’art officiel français, excluant les artistes de toute instance décisionnaire, le gouvernement a fait ses réformes dans le copieux mépris des artistes et associations d’artistes indépendantes. Les institutionnels culturels, en revanche, ont eu droit à plus de respect et d’écoute gouvernemental. Cette dichotomie de traitement est, hélas, significative des rapports de force politiques entre les artistes, pourtant les vrais moteurs de toute « l’industrie culturelle » française et les institutionnels, qui tiennent véritablement les rênes du pouvoir... »
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4 nov. 2008

Lorsque les événements vous échappent…

par Michel De Caso.
« Lorsque les événements vous échappent, feignez de les avoir organisés. Cette formule subtile (*) pourrait fort bien s’appliquer à une nouvelle attitude qui se répand comme une tache d’huile : la critique de l’art contemporain financier, provocateur et vide de sens.
Il semble en effet que la critique de cet art contemporain outrancier devienne consensuelle. Nombreux sont désormais ceux qui s’engouffrent dans cette critique, oubliant sans vergogne que celle-ci a été menée par d’autres depuis longtemps, souvent pour des raisons comparables puisque le malaise dans le système de l’art contemporain n’est pas né avec la crise actuelle du capitalisme mondial !
Bien sûr, le processus opportuniste qui est en jeu ici est connu : il s’agit de tirer parti des circonstances, quitte à renier ce que l’on défendait jusqu’alors, le but étant de maintenir des prérogatives.
Mais soyons constructifs et ne restons pas sur le plan de la critique. Pensons aux propositions laissées sciemment dans les poubelles de l’histoire artistique contemporaine. Loin de nous l’idée de dresser des listes mais, à l’adresse des laissés pour compte, voici une formule de Cocteau qui leur est spécialement dédiée : " Moins une œuvre est comprise, moins vite elle ouvre ses pétales et moins vite elle se fane. " Que ce qui doit se passer se passe donc … »

(*) tirée de celle de Jean Cocteau : « Puisque ces mystères me dépassent, feignons d’en être l’organisateur.»

20 oct. 2008

Vers la fin du système de l’art contemporain ?

par Fred Forest.
Colloque International Artmedia X
, 12 et 13 décembre 08, BNF et INHA : ouverture des travaux Edgar Morin. Esthétique, Ethique, Communication technologique ou le destin du sens. Concept et organisation Mario Costa / Fred Forest.
« Sommes-nous au commencement de la fin pour le système de l'art contemporain? L'art contemporain, l'art du marché, l'art institutionnel et officiel qu'on nomme aussi l'art d'affaires, va-t-il survivre à la crise? Au moment où se termine la sixième édition de la Frieze de Londres dans la morosité et va s'ouvrir la FIAC parisienne, qui selon le journal Le Monde est attendu au tournant (Edition du Dimanche 19-Lundi 20 octobre 08) ce colloque international tombe à point nommé, au moment où la crise financière fait trembler l'économie sur ses assises. La question qui se pose maintenant de façon drastique pour un certain art officiel, du marché et institutionnel, c'est celle de sa légitimité, de la validité et pérennité de ses valeurs ? Ce colloque, qui se veut ouvert et non structuré, laisse à chacun (voir le nom des participants sur notre site) la liberté d'aborder la réflexion sous un angle qui lui est propre. De fait, un processus d'accélération est maintenant engagé. Les crises sont aussi l'occasion salutaire de remettre les compteurs à zéro. Ce qui est sûr, c'est qu'à ce titre ce colloque fera date, tant par la qualité de ses intervenants pour traiter du sujet que par sa double pertinence et nécessité, en regard de l'actualité et du devenir du symbolique dans nos sociétés. »
Plus d’informations en cliquant ici.

19 oct. 2008

Daniel Druet, fabuliste de l’Art Contemporain.

par Christine Sourgins.
« Daniel Druet serait-il en train d’élargir la grande volière de l’Art contemporain ? On se souvient du perroquet de Marcel (Broodthaers) qui fit jaser la Ville de Paris, des pigeons dévoreurs d’enfants de Kader Attia, de la terrible Mouette (à tête de fœtus humain) du chinois Xiao Yu et, bien sûr, de l’autruche de Maurizio Cattelan, métaphore du monde de l’Art, pris la tête sous le sable… »
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18 oct. 2008

Luna Park au Château de Versailles.

par Carole Senille-Rapatel.
« Depuis une quarantaine d’années, allant crescendo, une véritable frénésie s’est emparée de nos dirigeants culturels en faveur de la théorie de la "table rase" venue d’outre-atlantique, pays sans passé culturel pour lequel il n’y avait rien à perdre et tout à gagner. La fameuse "exception culturelle française" dont on nous rebat les oreilles semble consister dans le domaine des Arts plastiques à mettre en arrière plan, voire occulter, nos propres artistes au bénéfice des étrangers glorifiés par les organismes officiels… »
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14 oct. 2008

Abracadabra !

par Michel De Caso.
« Devant la situation abracadabrantesque de la crise financière actuelle, entre les annonces des dettes des États suivies par d’autres annonces de ces mêmes États qui s’engagent à offrir des mannes financières providentielles aux banques, entre les records boursiers tantôt à la baisse tantôt à la hausse, on en se sait plus au juste où nous nous en sommes. Notre entendement a du mal à suivre la logique étatique et celle des marchés, si éloignée de la gestion en bon père de famille telle qu’elle est pratiquée par la majorité d’entre nous. A moins que tout cela soit virtuel et que nous n’y comprenions vraiment plus rien... »
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2 oct. 2008

Le conformisme anticonformiste est à la mode.

« Le conformisme anticonformiste est à la mode. L’avant-garde est devenue le classicisme du XXe siècle. Toutes les droites se recommandent de gauche. Le Rimbaldisme conserve puissance de dogme. Un homme libre se devait d’accomplir un acte digne de souligner l’étonnante attitude de Raymond Radiguet, inventant qu’il ne convenait plus de contredire les coutumes, mais l’avant-garde ; attitude dont j’ai fait ma règle. Entrer à l’Académie française était l’acte anti-intellectuel, apte à illustrer cette attitude. Il me fallait ensuite joindre à l’acte une œuvre. J’ai pensé que la décoration d’une église remplirait à merveille cet office. Il s’agissait d’accomplir l’acte révolutionnaire par excellence, et de tourner le dos au poncif révolutionnaire devenu dogme. Il s’agissait de déniaiser le charme, de nager à contre-vague d’une époque encore soumise au monstrueux, et en quelque sorte à la fascination de la tête de Méduse… » Ces propos, outre leur nature littéraire vivifiante, suggèrent un caractère visionnaire à leur auteur. Mais qui donc a écrit ces lignes qui sont toujours d’actualité et à quel moment ? Cliquez sur les Commentaires de ce message pour avoir la réponse. (MDC)

1 oct. 2008

Une trilogie qui a le vent en poupe.

par Michel De Caso.
« Autrefois, le mot étron, en plus de désigner la matière fécale consistante et moulée de l’humain et de certains animaux, pouvait se dire à propos d’une chose méprisable et sans valeur. Dans le marché de l’art contemporain, l’étron a désormais acquis ses lettres de noblesse mesurables à sa valeur mercantile. C’est pas nouveau car on savait déjà que l’étroniforme avait droit de cité et que l’on pouvait tout exposer, même de la merde. Mais contempler sa représentation sur papier glacé, cela manquait au panthéon AC. C’est maintenant chose faite.
"Le vide, la mort, la merde" : une trilogie qui a vraiment le vent en poupe.
Si vous saisissez mal l’actualité de ces lignes, lisez donc la troisième partie des éditoriaux d’André Rouillé dans ParisArt n°248. Ce dernier continue de mettre à jour quelques thèmes récurrents à la mode : " le vide, la mort, la merde..." Il le fait d’une façon qui peut paraître ambiguë, dénonçant et semblant en même temps accorder une légitimité. Pour vous faire votre opinion et éventuellement commenter, lisez son éditorial en totalité. »

22 sept. 2008

La dissidence n’est pas un bloc homogène.

par Michel De Caso.
« Le caractère expérimental de la dissidence au système de l'art contemporain accrédité, telle qu’elle s’est constituée depuis quelques années, est dû à l’hétérogénéité de ses références historiques. De ce fait, cette dissidence est proprement en expérimentation et se déroule selon un plan autant imprévisible qu’inédit. Ne pouvant être comprise comme un bloc homogène, on y trouve des gens de toutes sensibilités politiques, comme si la critique de l’art contemporain consacré avait focalisé des aspirations de toutes tendances... »
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20 sept. 2008

Affaires à gogo.

Comme en résonance avec l’article d’Aude de Kerros « Financial Art à Versailles ? (voir message précédent), André Rouillé, nous propose une bonne critique de cet "art d’affaires" - comme il le nomme - dans son éditorial de ParisArt n°247 titré « Koons, Hirst & Cie : art, fric et démesure ».
Extrait : « … L’argent est ainsi devenu un matériau majeur de cet "art d’affaires", et son esthétique monétaire pourrait bien avoir pour traits la démesure et la vacuité. Démesure des coûts de production ; démesure des cotes sur le marché ; démesure des tailles comme souvent chez Jeff Koons; démesure et exubérance des matériaux, jusqu’à la provocation chez Damien Hirst à l’exemple de son For the Love of God, une œuvre composée d’un crâne en platine recouvert de 8601 diamants, qui a été vendue 74 millions d'euros... (André Rouillé) ».
Lire la totalité de l’éditorial

19 sept. 2008

Il a bon dos... l'art !

Cette année nous avons eu Richard Serra au Grand Palais, Jan Fabre au Louvre et maintenant Jeff Koons à Versailles. Autant d’artistes qui sont de véritables entreprises (on sait par exemple que Koons emploie une centaine de personnes). Les enjeux médiatique et économique de ces événements ne rendent-ils pas légitime de se questionner sur les tenants et aboutissants de tels choix, précisément dans un pays où la plupart des artistes vivent une situation des plus précaires et où les quelques vedettes semblent elles-mêmes distancées sur le plan international ? C’est cette situation quasi schizophrénique qui amène de plus en plus de voix à exprimer un point de vue critique. L’artiste et essayiste Aude de Kerros poursuit avec courage cette tâche dans un article publié dans Les Echos du 15 septembre 08 « Financial Art à Versailles ? ». (MDC)
Extrait : « La France, est semble-t-il, le pays au monde qui a le plus produit d'analyses critiques d'ordre sociologique, économique, historique du système de l'art contemporain depuis des décennies. Ce débat contradictoire et passionné a cependant trouvé un terrain consensuel cette année. Ses protagonistes ont de façon unanime constaté un échec : la France a perdu tous ses marchés de l'art, excepté celui du dessin et des arts premiers, ses artistes officiels ne sont pas acceptés sur les places internationales malgré les efforts financiers considérables déployés par le ministère de la Culture… (Aude de Kerros) ».
Lire la totalité de l’article

18 sept. 2008

Sa petite entreprise, elle connaît pas la crise !

par Michel De Caso.
« L’artiste britannique Damien Hirst (43 ans) ne connaît pas la crise, c’est le moins qu’on puisse dire. En deux jours, lors de la vente aux enchères chez Sotheby’s de Londres des 15 et 16 septembre derniers, 223 des ses œuvres se sont vendues directement sans passer par les galeries pour un montant de plus de 140 millions d’Euros (près de 920 millions de Francs) ! Ce chiffre record obtenu lors d’une vente consacrée à un seul artiste fait de Hirst l’artiste le plus cher de l’histoire. L’œuvre ô combien emblématique a été « The Golden Calf » (le veau d’or) qui a atteint la somme de 13 millions d’Euros. Un véritable veau d’or qui vaut de l’or. Il s’agit d’une installation consistant à montrer un veau de 18 mois placé dans un aquarium rempli d’une solution de formol. Les sabots du feu animal ainsi que ses cormes et un disque placé au-dessus de son crâne sont en or 18 carats. Nous nageons en pleine démesure, comme dans un bain de formol et pourtant, c’est bien réel. La réalité, encore une fois, dépasse la fiction. La vedette britannique a estimé que vendre directement sans passer par les galeries, c’était pour lui « plus démocratique ». Certes, mais tellement plus rentable, aussi ! Sinon, le précédent record d’une vente aux enchères consacrée à un seul artiste était la vente de 88 œuvres de Picasso en 1993. Vive la jeunesse décomplexée ! Voir le site de Sotheby’s et le fichier pdf sur les œuvres de Hirst accessible sur le même site. »

17 sept. 2008

Château de Fontainebleau ? Comme à Versailles !

Avec l’exposition « Château de Tokyo / Palais de Fontainebleau » (jusqu'au 17 novembre 08), les œuvres dites contemporaines s’installent sans retenue dans le Château de Fontainebleau et la permutation des mots « château » et « palais » dans le titre de l’expo substituant le Palais de Tokyo au Château de Fontainebleau et vice versa est là pour officialiser encore plus ledit mixage. Constatons que dans de tels lieux historiques, les œuvres AC sont sur-valorisées et le public qui boudait ce type d’œuvres se voit contraint de subir ces « combine - exhibitions ». Désormais, avec les musées, les châteaux et même les églises ouvertes à l’AC, il devient difficile de trouver un lieu historique propre à prendre du recul sur les temps présents et à venir…
Plus d’information avec le site du Château de Fontainebleau. A noter l’article du Monde du 12 septembre 08 « Eléphant en équilibre et escarpolette à ventilateurs à Fontainebleau » dans lequel Emmanuelle Lequeux fait preuve d’une réelle perspicacité. (MDC)

16 sept. 2008

L'esthétisme - contribution à l'identification de la problématique politique à venir.

par Jacques-Yves Rossignol.
« L'esthétisme - contribution à l'identification de la problématique politique à venir » . Extrait : « L'une des réalités massives de ce temps, c'est sans aucun doute l'effort consenti pour mettre la culture en général, et l'art en particulier, à la portée de tous, à la disposition de chacun. C'est un fait d'observation qu'expositions, festivals, revues d'art, galeries, abondent, pullulent, surabondent. C'est un autre fait d'observation que le milieu qui produit de l'art constitue un monde relativement autonome, relativement réservé, et très fortement hiérarchisé. On a donc, grosso-modo, une double coupure, d'une part entre les producteurs d'art et les connaisseurs ("les artistes", "les critiques") et les simples consommateurs ("le public"), d'autre part entre les producteurs d'art peu valorisés ou dévalorisés ("les ringards", "les ploucs") et les producteurs d'art fortement valorisés ("les branchés", "les artistes" proprement dits)… »
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15 sept. 2008

L'implosion du Sacré.

par Aude de Kerros.
« L’exposition "Traces du Sacré", qui vient d’avoir lieu à Paris (Beaubourg) fut un événement peu, mal ou pas compris qu’il convient d’analyser dans la mesure où il crée de la "réalité" et de l’ "Histoire" au sens médiatique et conceptuel du terme. Mais on ne peut laisser cette "réalité" s’installer sans en faire la critique cultivée et approfondie. Cette exposition marque en France un tournant historique dans la compréhension de la modernité et de la postmodernité. Elle souligne pour la première fois, de façon officielle, les profonds rapports entre la modernité en art et les courants para gnostiques et ésotériques très divers qui ont sous-tendu les utopies politiques, artistiques et scientifiques du XIXe et XXe siècle… »
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14 sept. 2008

L’art contemporain et ses institutions – le paradoxe -

par Marc Verat.
« L'Art, de tout temps, a principalement été le fait du "Prince" et dans les années 80 l’Etat français a décidé de renouer avec une tradition, chère à l'Ancien Régime mais aussi à la Troisième République, celle de l’achat et la commande publics. L’Art académique ou "Pompier" d’alors se devait de respecter les critères dictés par l’Académie des Beaux-Arts. Aujourd’hui, la Délégation aux Arts Plastiques, nouvelle instance de tutelle du goût, adopte des règles plus internationales mais dans le genre toutes aussi strictes et, généralement, elle ne considère comme vraiment contemporaines et digne d’attention que les œuvres à caractère conceptuel, cela, au détriment de la peinture au sens propre du terme… »
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12 sept. 2008

Un avis lucide : « Opération Koons à Versailles ».

A lire l’analyse lucide d’André Rouillé dans PairsArt n°246 titrée « Opération Koons à Versailles ».
Extrait de son éditorial : « Mais il n’est pas certain que l’art y gagnera beaucoup dans sa capacité à émouvoir, à faire éprouver, ressentir, percevoir quelques unes des intensités du monde d’aujourd’hui. Car la spéculation financière entraîne tout ce qu’elle touche dans sa surenchère quantitative: l’artiste le plus célèbre, les cotes les plus élevées du marché, le lieu le plus prestigieux, le directeur au parcours le plus brillant, les œuvres les plus extravagantes, la logistique artistique la plus grosse (Jeff Koons emploie en permanence près de 100 personnes), etc. Tout cela est assurément une bonne matière à business, mais moins certainement un contexte artistique favorable.
Le risque est grand que cette frénésie spéculative affecte les œuvres dans leur sensibilité, leur réceptivité, leur capacité à résonner avec le monde, la spéculation ossifiant les œuvres en marchandises, et dissolvant leur valeur artistique dans leur valeur d’échange. Il est à craindre que cette opération creuse la distance entre l’art et le monde, et accélère l’autisme de l’art vis-à-vis du monde. (André Rouillé) ».
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8 sept. 2008

Koons à Versailles ou l’illusion d’une querelle anciens/modernes.

par Michel De Caso.
« Avec l'opposition qui s'est cristallisée contre l'exposition de Jeff Koons au Château de Versailles, il parait facile d'invoquer une prétendue querelle des anciens et des modernes. Les anciens seraient les partisans d'une certaine tradition et seraient opposés à cette exposition tandis que les modernes y seraient favorables. Une nouvelle querelle entre les anciens et les modernes serait ainsi en jeu et l'exposition Jeff Koons Versailles en serait le révélateur. Ce raccourci simpliste pourrait certes être commode pour ridiculiser les opposants. Pourtant, s’il y a bien quelque chose qui soit caduque aujourd’hui, c’est cette vaine opposition entre les anciens et les modernes. Pourquoi ?
Qui pourrait encore prétendre aujourd’hui que ce qui se passera demain sera nécessairement positif ? De même, qui pourrait soutenir que ce qui s’est passé hier était indubitablement meilleur que ce qui se passe aujourd’hui. La croyance au progrès infini ne serait-elle pas aussi illusoire que celle qui consiste à avoir du passé une vision nostalgique et idyllique ? Concernant l’exposition Koons Versailles et pour vous faire une opinion, voici deux liens :
- site du château de Versailles.
- site de la coordination de défense de Versailles. »

18 août 2008

L’art (contemporain) de bâtir des fortunes avec du vent.

C’est en tentant de répondre à la question "Qui fixe la valeur d’une création ?" que Philippe Pataud Célérier en arrive à proposer ce titre "L’art (contemporain) de bâtir des fortunes avec du vent" pour nommer son analyse parue dans le Monde diplomatique d’août 2008. Ce titre, au-delà de son humour, est loin d’être racoleur puisqu’il résume précisément la situation telle qu’elle est. Il introduit de façon convaincante l’analyse de Philippe Pataud Célérier dont voici l’introduction : « Claude Monet, Francis Bacon : dans un contexte financier tourmenté, les dernières ventes aux enchères chez Christie’s et Sotheby’s ont vu triompher les valeurs consacrées. Serait-ce une amorce du retour à la raison que certains professionnels du secteur appellent de leurs vœux ? Depuis quelques années, en effet, des critères discutables - capacité de l’artiste à "se vendre", sujets racoleurs - semblent avoir pris le dessus dans l’art contemporain, oblitérant toute considération artistique. »
Nous ne pouvons que vous inviter à lire cette excellente étude de Philippe Pataud Célérier qui, à partir d’exemples circonstanciés, met à jour un état de fait désormais irréfutable. Il finit son analyse d’une façon désabusée qui, pourtant, exprime bien la situation dans laquelle nous sommes : « Mais, après tout, pourquoi une tête de vache pourrie ne pourrait-elle pas faire partie de l’art qui se fait, quand l’art, défait de ses "prétentions traditionnelles à l’autonomie esthétique, rappelle Hans Beling (*), est désormais compris comme un système parmi d’autres de compréhension et de reproduction symbolique du monde." ? Fût-il en décomposition. »
(*) Hans Beling, L’histoire de l’art est-elle finie ?, Gallimard, Paris, réédition 2007.
Visiter le site du Monde Diplomatique

1 août 2008

Le cas français.

A propos du futur centre Pompidou-Alma qui devrait ouvrir fin 2010, des artistes, et non des moindres, ont signé une lettre-pétition dans Libération du 23 juillet 08 : « Les artistes s’impatientent.»
En voici un extrait sur cette spécialité française qui consiste à ne reconnaître les artistes travaillant et vivant en France qu’une fois qu’ils ont été reconnus à l’étranger : « Les conservateurs essayant d’exporter des artistes s’entendent répondre "mais pourquoi donc ne les exposez-vous pas d’abord chez vous". Dans le meilleur des cas, certains artistes se retrouvent dans une situation qui pour le moins pose question : avoir une première exposition dans un musée étranger avant de pouvoir le faire dans son propre pays… »
Lire la totalité de la pétition

12 juil. 2008

Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois.

C’est en lisant l’excellente analyse d’André Rouillé « Un art aveugle au monde » que m’est venu en tête ce fameux proverbe, au moment où une vedette internationale investit le château de Versailles et ce, pour reprendre les dires de ladite vedette, même plus par provocation ! Mais écoutons André Rouillé : « Une évidence s’impose chaque jour plus nettement. La culture en général, et l’art contemporain en particulier, sont en train de sombrer dans un aveuglement au monde. C’est-à-dire de perdre leur raison d’être. Cette proposition sans doute alarmiste n’est pas dictée par une quelconque nostalgie, ni par un désir rétrograde de retourner aux temps pas si éloignés où l’art devançait le cours du monde, où il en préfigurait les grands mouvements. Il n’est évidemment pas question de restaurer les pratiques artistiques séculaires. Non, c’est à l’inverse la sensation que l’art est en retard sur le monde qui suscite cette idée qu’il serait devenu aveugle à ses bouleversements. Comme si le monde était soudain devenu trop grand et trop rapide pour l’art, même pour celui dont les expressions sont les plus avancées. Comme si le monde s’était déployé plus vite que l’art. Ou que le monde, à l’époque des réseaux et du marché planétaire, avait condamné l’art à l’insignifiance en l’enfermant dans les logiques paresseuses de la marchandise, du divertissement et du luxe.… »
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2 juil. 2008

Don’t stop running, boys and girls !

Lors de l’exposition « Work N°850 », la Tate Britain de Londres élève au rang de l’art la course à pied. Selon les organisateurs, l’idée est des plus simples. Toutes les trente secondes, un coureur s’élance sur les 86 mètres de la Galerie Duveen. Après chaque course, un temps équivalent est réservé à un temps de pause, pendant lequel la galerie, de style néoclassique, est vide. Les coureurs sont choisis parmi différents milieux de Londres et chacun d'entre eux doit donner l’impression de courir « comme si sa vie en dépendait ». Il est encore fait appel à la fameuse beauté, notion polymorphe légitimante, puisque « la beauté du mouvement humain » est proposée « dans sa forme la plus pure », cette beauté inoubliable traçant par la même occasion une ligne droite entre deux points : le point de départ du coureur et le point de son arrivée.
N’y a-t-il pas de quoi être décoiffé par le passage du souffle des coureurs et d’être emporté par la portée hautement métaphysique de l’idée proposée ? Les organisateurs, ayant gardé les pieds sur terre, n’en n’oublient pas pour autant d’inviter les visiteurs à ne pas gêner les coureurs, et ce, pour des raisons de sécurité.
Vous pourrez participer à ce moment ludique et initiatique jusqu’au 16 novembre 08. N’oubliez pas, si vous y allez, de jouer le jeu : cela fait partie des règles. Allez-y comme si votre vie en dépendait, entre les deux points qui vous intéressent : le moment de votre naissance et celui de votre mort. Entre les deux, ne s'agit-il pas de remplir et de faire du vent, beaucoup de vent ? Cette exposition (?) devrait vous y aider… La partie continue… (Michel De Caso)